Les études textiles


En archéologie

Les textiles sont de « vrais » objets archéologiques et, de ce fait, ils sont susceptibles d’apporter plusieurs renseignements selon leur contexte de découverte et doivent être traités comme tout autre artefact. Après leur découverte dans des fouilles/sondages archéologiques, il est nécessaire de les faire étudier par des archéologues spécialistes des textiles.

L’étude des textiles archéologiques se place dans une approche multi-disciplinaire pouvant apporter des informations sur :

  • les procédés de fabrication (matières, teintures, assemblages, décors, etc.)
  • l’histoire du vêtement
  • l’histoire des techniques
  • la vie quotidienne des sociétés passées
  • les pratiques funéraires
  • l’histoire du commerce
  • l’histoire industrielle

En anthropologie

En tant qu’objet social, les études sur les textiles et les vêtements présentent une bibliographie éparse et variée. Il apparaît que les recherches menées manquent le plus souvent d’un contexte social total, pour reprendre le concept de M. Mauss, et d’un travail de terrain. Depuis quelques années, les recherches sur les textiles et les vêtements en tant qu’objet mettant en jeu la totalité de la société ainsi que tous les membres qui la constituent se développent en France.

Les premières études scientifiques sur le costume apparaissent à la fin du XIXe siècle mais il s’agit notamment de travaux d’archivistes qui traitent le costume non pas comme un système mais comme une ensemble de pièces(1). Dans les années 1980, l’anthropologue Y. Delaporte regrette, tout comme R. Barthes avant lui, que l’étude du vêtement ne soit pas une discipline à part entière dans le domaine des sciences humaines et sociales. En 1957, R. Barthes publie un article intitulé Histoire et sociologie du vêtement où il critique l’absence de réflexion autour d’un système vestimentaire et de la définition d’un «ensemble axiologique qui le constitue (contraintes, interdictions, tolérances, aberrations, fantaisies, congruences, exclusions)(2)».

L’anthropologie se doit d’étudier la spécificité de chaque société sans pour autant vouloir ramener les faits à des processus universels. Il est essentiel qu’une typologie soit mise en place afin de définir les pièces vestimentaires, d’employer des termes précis afin de décrire les objets. Cependant son utilisation pour étudier d’un point de vue dynamique un contexte « social total » reste difficile, c’est pourquoi il est préférable, quand cela est connu, d’utiliser les termes émiques.

Dans le cadre des études en anthropologie, le terme de tradition est souvent associé aux textiles et aux vêtements. Il est à prendre dans le sens d’interprétations et de définitions présentes de pratiques ou savoirs hérités du passé puisque, comme l’a montré entre autres E. Hobsbawm(3), ceux-ci ont généralement subi des changements importants et sont largement réinventés. Les coutumes, savoirs et croyances transmises de génération en génération sont porteurs de valeurs et de significations pour un groupe humain particulier. Ils sont en évolution constante et sont souvent réinventées à des fins symboliques et normatives : la tradition est un ensemble de pratiques présentes et actuelles.

L’étude des textiles et des vêtements en anthropologie se place dans une approche multi-disciplinaire (archéologie, histoire, philosophie) pouvant apporter des informations sur :

  • les procédés de confection (matières, patronage, outils, etc.)
  • l’histoire du vêtement
  • l’histoire des techniques
  • l’histoire de la mode
  • les techniques du corps
  • les institutions politiques
  • la vie quotidienne des sociétés passées et actuelles
  • les pratiques funéraires
  • les rites et les croyances
  • l’histoire du commerce
  • l’histoire industrielle
(1) FLÜGEL J.C., 1930, The Psychology of Clothes, Londres.
(2) BARTHES R., 1957, « Histoire et sociologie du vêtement (quelques observations méthodologiques) », Annales. ESC, 12ème année, N°3, pp.430-441,
(3) HOBSBAWM E., RANGER T. (dir.), 2006, L’invention de la tradition, Paris, Ed. Amsterdam.